Mile Ex End Musique Montréal, première édition, jour 1. Le soleil brille en ce samedi 2 septembre 2017. Dimanche ne serait pas aussi clément. Mais chaque chose en son temps.
14h10 – Google Map (prise 1)
Au sortir du métro Rosemont, ma collègue et moi nous interrogeons sur le chemin à prendre pour nous rendre au lieu de l’événement. Pas de signalisation visible pour nous indiquer l’entrée du site. Pas de groupuscules de festivaliers à suivre. Aucun bruit indiquant la présence d’un événement musical se déroulant à proximité. Bizarre. Bizarre.
Encore heureux que le viaduc Van Horne soit visible de loin. Un coup d’oeil à Google Map et nous y sommes.
14h30 – Aliocha (et Charlotte Cardin)
Moins d’une vingtaine de minutes après notre arrivée, Aliocha entame son tour de chant. Une performance honnête, sans plus. Les chansons interprétées ont toutes des airs de « covers déguisés ». Aliocha est prometteur, mais encore vert. À la recherche de son propre son.
Seul moment fort de cette prestation : l’arrivée sur scène de Charlotte Cardin venue interpréter en duo une pièce du répertoire d’Aliocha. La synergie entre les deux artistes est belle à voir. Cela dit, la voix puissante de Charlotte met cruellement en lumière la faiblesse de celle d’Aliocha. Mais peut-être suis-je un peu dure? Le public a semblé apprécier la performance.
16h30 – Megative (et le @realDonaldTrump)
Le soleil tape fort en cette fin d’après-midi, dans le grand stationnement, sans zone d’ombre, où se dresse la scène « Mile Ex ». Peut-être faut-il chercher là l’explication au manque de participation des festivaliers lors du concert de Megative. La foule est nombreuse, mais dispersée. Quelques dizaines de personnes seulement encadrent la scène durant la presque totalité de la prestation du collectif.
Megative ne ménage pourtant pas ses efforts pour rameuter cette dernière. En pure perte, semble-t-il. Les gens dodelinent du chef, battent la cadence du pied, mais refusent obstinément de quitter le confort des tables à pique-nique et nombreuses chaises patio disponibles à l’arrière du site. Ce qui est bien dommage eut égard à la qualité de la performance offerte par ce collectif de Brooklyn composé, entre autres, des montréalais Gus Van Go et Tim Fletcher. Le dub sombre et profond distillé par Megative méritait mieux. Idem pour l’énergie déployée sur scène.
Petit sursaut de la faune présente sur place lorsque Gus Van Go dédie une chanson à l’administration Trump : The Lunatics Have Taken Over The Asylum – Les lunatiques ont pris le contrôle de l’asile. Le rythme hypnotique de la pièce et le refrain lancinant chanté en anglais, puis en français (saluons ici l’effort d’improvisation!) remportent un franc succès auprès des « picniqueux » qui daignent enfin s’approcher de la scène et pousser la chansonnette.
17h30 – Busty and the Bass (Uncommon GOOD!)
Lorsque ma collègue et moi arrivons sur place, plusieurs dizaines de personnes s’entassent déjà devant de la scène « Mile End ». Le côté intimiste de cette petite scène sombre et basse, sise au bout d’une rue qui passe sous le viaduc, me charme d’emblée. Aucune chance que « l’affront » fait à Megative se reproduise ici, me dis-je, ravie.
Même le paysage d’acier rouillé et de béton effrité au-dessus de ma tête n’entame pas mon bel entrain. Ce qui ne m’empêche pas de me demander quelques minutes plus tard, en observant la foule derrière moi – je n’en vois pas la fin –, combien de festivaliers enthousiastes et de décibels cette place « mouchoir de poche » peut arriver à contenir sans s’effondrer.
J’en suis rendue à peu près là dans mes réflexions lorsque le claviériste et rappeur Evan Crofton fait son entrée sur scène, bientôt suivi des autres membres de la formation. Les premiers accords de Blip se font alors entendre. J’oublie tout le reste.
Le spectacle de Busty and the Bass fut assurément l’un des moments forts de cette première édition du Mile Ex End Musique Montréal. L’enfant chéri du jazz, du rap et de l’électro-soul nous a régalé de quelques incontournables comme Models et The Real et plusieurs nouvelles venues. Celles-ci laissent présager le meilleur pour Uncommon Good, le premier LP du groupe qui doit paraître le 8 septembre prochain.
18h30 – Matt Holubowski (le bon show au mauvais moment?)
Matt Holubowki donne peu à voir. Et s’il donne plus à entendre, je ne suis pas en mesure de l’apprécier. Après une heure de folie et fun pur en compagnie de Busty and the Bass, les arrangements planants de Matt me laissent totalement indifférente. De guerre lasse, je quitte les lieux au bout d’une vingtaine de minutes.
18h50 – Foreign Diplomats (et le cri primal)
Je migre en direction de la scène « Van Horne » : la plus décentrée et la plus bucolique des trois installations du Mile Ex End Musique Montréal. L’ambiance bonne enfant qui règne sur place me fait du bien après l’atmosphère groggy de la scène « Mile Ex ». Non loin de moi, un homme affublé d’un étrange couvre-chef en forme de calamar passe. Je souris.
Soudainement, j’entends le chanteur de Foreign Diplomats encourager la foule à lui lancer « un cri de haine pure […] comme si vous me haïssiez! ». What the f…??? Le surréalisme de cette demande n’a d’égal que le profond silence qui s’ensuit. Manifestement, je ne suis pas la seule à être restée pantoise devant pareille demande.
Ma collègue me propose alors d’aller manger un morceau à l’extérieur du site. Excellente idée! Un peu d’air non festif me fera du bien.
19h15 – Google Map (prise 2)
Super initiative d’avoir pensé à inclure sur le site Web du Mile Ex End Musique Montréal une liste des restaurants à proximité. Évidemment, ça aurait été encore plus chouette si cette liste avait pu s’accompagner d’adresses (et peut-être aussi d’un plan indiquant la localisation de chacun d’entre eux – nous ne sommes pas tous familiers avec le coin), plutôt que de simples liens renvoyant vers les sites de chacun de ces établissements. Sérieusement. Qui a envie de se farcir l’ouverture d’un paquet de liens sur son cellulaire pour dénicher une adresse et une localisation? Avec un soupir de frustration, j’ouvre Google Map.
Pas simple de dénicher un restaurant dans le coin. Premier essai : un resto thaïlandais qui ferme ses portes à 19h30. Second essai : un restaurant de pitas où l’hôtesse informe mon amie qu’elle ferme bientôt et qu’elle n’a plus grand-chose à nous offrir.
En route pour notre troisième essai, nous croisons un autobus d’une ligne familière. Je me livre à un rapide calcul : en attrapant cet autobus, je pourrais être chez moi en quinze minutes. J’ai faim et j’ai mal au pied d’avoir crapahuté toute la journée. Tant pis pour Cat Power et City and Colour. Il y aura d’autres occasions, me dis-je, philosophe, en montant à bord de l’autobus.
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