Connaissez-vous la musique traditionnelle irlandaise? Son histoire. Ses artistes. Ses chansons phares. À quoi reconnaît-on une musique typiquement irlandaise? Pour souligner en beauté ce week-end de la Saint-Patrick, petit cours accéléré sur la musique traditionnelle irlandaise. Playlist en prime pour vous mettre en contexte. Enjoy!
À quoi reconnaît-on la musique traditionnelle irlandaise?
Une musique celtique et fière de l’être
Si la musique traditionnelle irlandaise est forcément une musique d’inspiration celtique, l’inverse n’est pas vrai. D’autres peuples celtes de l’Europe de l’Ouest, notamment les Écossais, les Gallois et les habitants de certaines régions d’Espagne et du Portugal ont aussi leurs musiques celtiques. En fait, ce que l’on désigne sous le vocable de « musique celtique » est un ensemble de traditions musicales nées au 19e siècle qui s’inspire du patrimoine celtique des différents territoires d’Europe considérés comme « celtiques ».
Une musique où se côtoient le gaélique, l’anglais… et pas mal d’instruments
Quand ce n’est pas aux paroles en gaélique – à noter que l’anglais l’emporte sur l’utilisation du gaélique –, c’est à son instrumentation que l’on reconnaît la musique traditionnelle irlandaise. Aux instruments traditionnels du 19e siècle comme la flûte, le fiddle (violon) et la cornemuse irlandaise (uillean pipe), s’ajoutent progressivement le bodhrán (tambour sur cadre irlandais), l’accordéon, le concertina, le banjo, la guitare et le bouzouki irlandais.
Une musique empreinte de patriotisme et marquée par l’exil
Le répertoire irlandais se compose d’une multitude de genres. On y trouve des chansons à boire, des ballades, des complaintes et de la musique de danse comme les reels et les jigs (gigues). Les fameuses gigues irlandaises ont fait la renommée des spectacles comme Riverdance, Lord of the Dance et Gaelforce Dance dans les années 1990.
Aux thèmes universels que sont « l’amour, les roses, la vie, les sous », le répertoire irlandais associe l’exaltation du sentiment national et la douleur de l’exil. Histoire irlandaise oblige!
La petite histoire de la musique traditionnelle irlandaise
Comme toute musique traditionnelle, celle de l’Irlande est intimement liée à l’histoire de son peuple. Voici quelques jalons indispensables pour en saisir l’évolution.
1920-1930 : le premier Revival
Dans les années 1920, la montée en puissance du mouvement indépendantiste irlandais favorise un regain d’intérêt pour la musique irlandaise. Pour attiser la flamme patriotique, de nombreuses associations américaines sont créées afin de promouvoir les traditions artistiques irlandaises.
Entre 1820 et 1920, plus de 4 millions d’Irlandais émigrent aux États-Unis. D’importantes diasporas irlandaises se créent dans les grandes villes américaines comme Chicago, Boston et New York. Parmi elles, on trouve un bon nombre d’Irlandais nostalgiques de la mère patrie comme le chanteur Michael Coleman. Dans les années 1920 et 1930, Michael Coleman et plusieurs autres artistes américano-irlandais vont contribuer à un premier revival de la musique traditionnelle irlandaise. Leur succès dépasse rapidement les frontières des États-Unis.
Le revival de la musique traditionnelle irlandaise obtient peu d’écho en Irlande. L’exil de la moitié de la population irlandaise sur une période d’à peine 100 ans et la pression exercée par les autorités religieuses afin que la danse traditionnelle ne sorte pas du cadre strict de la sphère privée nuisent à l’expansion de la musique traditionnelle. Jimmy’s Hall, le film britannique de Ken Loach sorti en 2014, retrace avec brio cette période difficile pour la musique traditionnelle en Irlande.
Un peu partout ailleurs, l’engouement du grand public pour cette musique d’inspiration celtique incite des artistes issus d’autres traditions musicales à intégrer des éléments de la musique irlandaise à leurs compositions. Parmi les styles musicaux qui vont le plus bénéficier de cet apport, on peut mentionner le bluegrass et la musique traditionnelle québécoise.
1950 : le second Revival
Il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le retour massif d’immigrés Irlandais pour que la musique traditionnelle irlandaise connaissent un regain d’intérêt en Irlande. Le phénomène des music sessions, ces regroupements informels d’artistes qui se réunissent dans les pubs irlandais pour interpréter des pièces de musique traditionnelle irlandaise et la création en 1951 de la Comhaltas Ceoltóirí Éireann (trad. libre : Société des musiciens d’Irlande) contribuent à la revitalisation de la musique traditionnelle en Irlande.
1960-1970 : la belle époque
Au début des années 1960, la musique traditionnelle irlandaise a le vent dans les voiles. De nombreux pubs, dont le célèbre O’Donoghue’s Pub, invitent des groupes de musique traditionnelle à se produire dans leur établissement. Nous sommes à la belle époque des The Chieftains, The Clancy Brothers, The Irish Rovers et The Dubliners (avec Luke Kelly). Un peu plus tard, dans les années 1970, des groupes comme Planxty (avec Christy Moore), The Bothy Band et The Wolfes Tones font leur apparition.
Saviez-vous que?
Au milieu des années 1960, parmi les groupes de musique traditionnelle irlandaise les plus populaires on trouve les The Irish Rovers dont tous les membres vivent à Toronto, au Canada.
1980-1990 : le succès international au rendez-vous
Dans les 1980, De Dannan, Altan et Dervish font partie de ces groupes qui contribuent au rayonnement de la musique traditionnelle irlandaise en Irlande et sur la scène internationale.
Les artistes de musique populaire contribuent également au rayonnement de la musique traditionnelle. L’engouement du grand public incite des artistes comme Van Morrison, Sinéad O’Connor, Enya, The Pogues (avec Shane MacGowan) et Solas à intégrer des éléments de musique traditionnelle à leurs compositions.
Ces unions vont connaître un succès aussi appréciable que durable. On peut penser ici à la magnifique et très grivoise Fairytale of New York de The Pogues (avec Shane MacGowan). Cette chanson qui mêle musique traditionnelle irlandaise et musique punk est encore aujourd’hui, près de 30 ans après sa création, la chanson de Noël la plus jouée au Royaume-Uni. Les chansons du groupe américain Solas sont un autre exemple d’une récupération réussie de la musique traditionnelle. Le groupe qui mélange musique traditionnelle irlandaise, rock et country connaît un succès non démenti depuis une vingtaine d’années.
La musique traditionnelle irlandaise continue aujourd’hui de séduire le grand public du monde entier. La multitude de groupes et d’artistes solos qui s’en réclament suffit à nous en convaincre. Pensons ici à Danú,Téada, Beoga, The High Kings, The Kilkenny’s, Lúnasa, Celtic Woman, Young Dubliners et Cúig, mais aussi d’artistes solos comme Brian Finnegan et Hannake Cassel.
Saviez-vous que?
Le groupe Beoga a coécrit avec Ed Sheeran la pièce Galway Girl qui figure sur l’album Divide. Le groupe joue également sur la chanson Nancy Mulligan du même album.
Pour célébrer la Saint-Patrick comme il se doit, voici une playlist de musique traditionnelle dont vous nous donnerez des nouvelles. Ne manquez pas aussi notre tour d’horizon des 5 chansons que vous ne manquerez pas d’entendre aujourd’hui dans les pubs irlandais.
Servez-vous une bière, montez le son des haut-parleurs, c’est parti ! Bonne Saint-Patrick en musique !
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