Le jour du Souvenir a toujours suscité chez moi un malaise. Se souvenir de qui ? Se souvenir de quoi ? Et surtout, pourquoi ? – me suis-je souvent demandé. Entendons-nous, ce n’est pas parce que que je n’éprouve aucun respect pour les hommes et les femmes qui portent l’uniforme. Bien au contraire, mon respect pour eux est immense. Mais ce fameux jour censé honorer les sacrifices consentis remplit-il réellement ses engagements ?
Se souvenir que les Canadiens se sont battus au-delà de 1918
Le 11 novembre est le jour anniversaire de l’armistice marquant la fin de la Première Guerre mondiale. Pouvait-on choisir plus bel événement que celui de la Signature de la paix pour honorer les sacrifices consentis au nom de la paix et de la liberté ? Le fait que l’armée canadienne ait poursuivie le combat jusqu’en 1919, déployant en Sibérie des unités comptant plusieurs conscrits de Montréal et de Québec pour tenter de bloquer l’avancée des troupes bolcheviques n’a sans doute pas beaucoup d’importance. Il fallait bien fixer une date !
Se souvenir de la signification réelle du coquelicot rouge
Le 11 novembre marque aussi l’apogée de la campagne du coquelicot rouge, symbole de plastique et de feutre, vendu tous les ans par la Légion royale canadienne. Le symbole, d’abord adopté en 1920 aux États-Unis par l’American Legion, fait référence au poème du soldat canadien John McCrae intitulé In Flanders Fields.
Rédigé à la suite de la bataille d’Ypres (Belgique), en mai 1915, le poème se lit comme suit :
Au champ d’honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix; et dans l’espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers.
Nous sommes morts
Nous qui songions la veille encor’
À nos parents, à nos amis,
C’est nous qui reposons ici
Au champ d’honneur.
À vous jeunes désabusés
À vous de porter l’oriflamme
Et de garder au fond de l’âme
Le goût de vivre en liberté.
Acceptez le défi, sinon
Les coquelicots se faneront
Au champ d’honneur.
Pour le Musée canadien de la guerre (Ottawa), le coquelicot permet « de se souvenir et d’honorer les milliers de compatriotes » morts à la guerre. Personnellement, j’y vois plutôt un appel aux armes lancé à la jeunesse par ces quelques 6000 soldats canadiens massacrés en quelques jours.
Le 11 novembre, jour du Souvenir, je ne porte pas le coquelicot. Je médite en musique sur le sort des milliers d’hommes et de femmes, militaires et civils, morts au cours de ces conflits et à tous ceux qui ont survécu.
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